Les transferts culturels et l’histoire culturelle de la Grèce
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Méditerranée orientale a-chronique et dia-chronique
23
. Dans son essai sur
l’
Érotocritos,
Séféris souligne l’autonomie de Cornaros par rapport à des
modèles comme le
Roland furieux,
qu’il a pourtant repris, et reconnaît
que ses allusions à l’Antiquité étaient un bien commun à toute l’Europe
de la Renaissance mais il lui attribue aussi une singulière valeur de pont
linguistique : « Il m’est arrivé de penser que si j’avais à traduire des vers
de Racine –un poète que je situe très haut– je m’y exercerais en étudiant
d’abord
Érotocritos
. Je crois en effet qu’aucun autre texte grec ne pourrait
m’offrir au même degré l’économie, la sûreté, la pureté de ligne, le dia-
logue entre raison et passion, le sentiment du passage du temps propre à
la poésie française du XVIIe siècle».
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On serait tenté de dire qu’un autre
Crétois beaucoup plus récent, Nikos Kazantzakis, né à l’époque où la Crète
appartenait encore à l’empire ottoman, suit à Paris les cours de Bergson et
rédige sa thèse sur Nietzsche, a parfaitement répondu à l’invitation d’un
autre « grand Crétois », El Greco (Doménikos Théotokopoulos).
Pour étudier les transferts culturels liés à la traduction d’ouvrages fran-
çais en grec ou grecs en français, on dispose maintenant de répertoires.
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Si ces éléments sont indispensables ils n’offrent toutefois qu’une partie des
informations nécessaires pour étudier ces passages en termes de transferts
culturels. Ces enquêtes auxquelles ne pourraient finalement se livrer que
des historiens de la culture grecque moderne impliqueraient certainement
une prosopographie des traducteurs. Ceux-ci opèrent des choix (sur qui
sinon sur leur évaluation pourraient se fonder les maisons d’édition) et ce
choix est dicté par un horizon intellectuel. Cette histoire des traducteurs
qui n’existe pas vraiment en France ou en Allemagne est vraisemblable-
ment à écrire aussi en Grèce. Médiateurs essentiels, les traducteurs ne
sont pas les seuls. Outre les médiateurs, agents et critiques littéraires qui
23. Βιτσέντζος
Κ
ορνάρος
[Vitsentzos Cornaros],
Ερωτόκριτος
[
Érotocritos
]
,
επιμέλεια Στυλιανός
Α
λεξίου
[édité par Stylianos Aléxiou], 4e édition, Ermis,
Athènes 2000.
24. Georges
S
éféris
,
Essais. Hellénisme et création
, traduit par Denis Kohler,
Mercure de France, Paris 1987, p. 157.
25. Κ. Γ.
Κ
ασίνης
[C.G. Kassinis],
Βιβλιογραφία των ελληνικών μεταφράσεων
της ξένης λογοτεχνίας ΙΘ΄-Κ΄ αι.
[
Bibliographie des traductions en grec de la
littérature étrangère, XIXe-XXe s.
], Athènes 2006, 814 p. Pour une approche
théorique voir Anna
T
abaki
, «Identité et diversité culturelle. Le mouvement de
traductions dans le Sud-Est de l’Europe (XVIIIe siècle - début du XIXe)»,
Syn-
grisi / Comparaison
, 9 (1998), 71-91.