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MICHEL ESPAGNE

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culture grecque par une ville qui avait vu naître le principal représentant

de la culture grecque dans la France de 1800 Adamance Coray. Mais si

Smyrne a été une ville en bonne partie grecque et a vu dès 1838 la paru-

tion d’un journal hellénophone, intitulé

Amaltheia

, il existait dès 1821 un

journal en français,

Le

Spectateur oriental,

premier journal de l’Empire

ottoman d’abord favorable à la cause grecque, puis à la cause turque

quand il prend, pour quelques mois en 1824

19

le nom

Le Smyrnéen

. À

Smyrne vont être aussi fondés les premiers journaux en judéo-espagnol

et en arménien, certains paraissant en deux langues, français et judéo-es-

pagnol ou turc et judéo-espagnol. On tend néanmoins à oublier que si

les tensions gréco-turques ou judéo-grecques

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caractérisent la vie de la

très cosmopolite Smyrne, elles ont été parfois moins importantes que les

tensions anglo-françaises ou franco-italiennes dans cette métropole médi-

terranéenne dont la figure la plus caractéristique est peut-être celle du

levantin. Toujours est-il que lorsque la population grecque de Smyrne doit

quitter la ville, notamment pour peupler la Thrace et Salonique, redeve-

nue grecque en 1912, et surtout après l’expulsion forcée et le massacre

des smyrniotes en 1922, elle est porteuse de ce cosmopolitisme smyrniote

avec tout ce qu’il recèle de conflits mais aussi de métissages qui vont se

poursuivre dans une ville où en 1930 encore 67% des mariés viennent de

l’étranger, de la côte turque ou de l’espace pontique notamment.

Les Grecs pontiques précisément

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représentent un autre espace de la

diaspora. Il existe un hellénisme pontique depuis l’instauration de colo-

nies grecques sur la côte sud de la Mer Noire comme Trébizonde. Les

monastères pontiques de l’arrière pays de Trébizonde furent des hauts-

lieux de l’hellénisme durant tout le moyen-âge, connectés à d’autres pays.

Ainsi le port de Trébizonde dans les années 1860 était, dit-on, un débou-

ché très important du commerce de la Perse, un lieu de rencontre gré-

co-persane. Il y eut des migrations des Grecs pontiques vers la Russie

(on pense à Mariupol, Rostov, Taganrog, Kars après la conquête de la

19. Le journal

Le Spectateur Oriental

réapparaît en tant que

Le Smyrnéen

pendant la période du 3 août 1824 (no. 1) au 11 septembre 1824 (no. 11). Autre

journal francophone fut le

Courrier de Smyrne

qui circula de 1824 à 1905.

20. Léon

K

ontente

,

L’antisémitisme grec en Asie Mineure (Smyrne 1774-

1924),

Libra Kitap, Istanbul 2015.

21. Michel

B

runeau

(éd.),

Les Grecs pontiques. Diaspora, identité, territoires

,

CNRS-éditions, Paris 1998.