Les transferts culturels et l’histoire culturelle de la Grèce
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en Grèce de l’ambassadeur français en Turquie Choiseul-Gouffier (1782),
ou encore le
Voyage en Morée
de François Pouqueville qui paraît en
1805 et est traduit la même année sont tout à la fois des livres qui ont
enflammé le désir de libérer la Grèce de la domination ottomane mais
aussi des éléments de la formation intellectuelle de jeunes Français, des
moments de l’histoire intellectuelle française, plus largement européenne.
Et cette représentation de la Grèce est plutôt un ciment européen qu’une
construction nationale. C’est en tant que telle qu’elle peut participer de
l’histoire culturelle grecque. La mort de Byron à Missolonghi fixée par
le tableau néo-classique du peintre belge Odevaere est tout autant un
moment de l’histoire anglaise que grecque.
Le philhellénisme est souvent un projet collectif associant des écrivains
européens et des informateurs grecs dont le rôle est trop souvent minoré.
Karl Benedict Hase, qui fut le fondateur de la chaire de grec moderne à
l’École des langues orientales, avait appris la langue auprès de janissaires
recrutés dans les troupes de Napoléon et venait de Iéna. Parmi les philhel-
lènes français dont l’engagement peut être qualifié à la fois de politique et
de philologique, Claude Fauriel est une personnalité d’autant plus notable
qu’on peut voir aussi en lui un des médiateurs franco-allemands des pre-
mières décennies du
XIX
e
siècle, le philhellénisme résultant à travers lui,
d’un transfert franco-allemand.
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La principale contribution de Fauriel au
philhellénisme, c’est son recueil
Chants populaires de la Grèce moderne
qui paraît en 1824 et 1825 chez le grand éditeur des ouvrages philhel-
lènes, Firmin Didot. Premier ouvrage de ce type, le recueil des chants,
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est aussi le résultat d’impulsions croisées et d’échanges. Il faut signaler
le projet de Werner von Haxthausen qui fut, dans la collecte sinon dans
l’édition, un précurseur de Fauriel. Il y a le Slovène et philologue hel-
lénisant Bartholomäus Kopitar, employé de la Bibliothèque de Vienne,
qui entretient des relations étroites avec Adamance Coray, Grec de Smy-
5. Geneviève
E
spagne
et Udo
S
chöning
(éds),
Claude Fauriel et l’Allemagne.
Idées pour une philologie des cultures
, Honoré Champion, Paris 2014.
6. Αλέξης
Π
ολίτης
[Alexis Politis],
Η ανακάλυψη των ελληνικών δημοτικών
τραγουδιών. Προϋποθέσεις, προσπάθειες και η δημιουργία της πρώτης συλλογής
[
À
la recherche des chants populaires grecs. Conditions, tentatives et la formation
de la premiere collection
], Athenes
2
1999. Du même, « La seconde vie des chan-
sons populaires grecques. Modes d’incorporation de l’élément populaire dans
l’intelligentsia du XIXe siècle »,
Historical Review / La Revue Historique,
Insti-
tut de Recherches Neohelleniques, VIII (2011), 47-59.